Trois juges sont assis implacables derrière un haut bureau de bois clair, hérissé d’un drapeau finlandais et d’un drapeau européen. Tout est bien sous tous rapports, le plan est frontal et son dessin géométrique; la ligne horizontale de la table croise, à angles bien droits, les verticales des mâts et des trois magistrats.

Tombée d’une lucarne, à gauche, la lumière barre l’image d’une longue diagonale.

Les arbitres énoncent, dans toute la belle rigueur des langues officielles, qu’Alep est une ville sûre, que ses morts au total en proportion sont peu, tout compte fait. Le danger n’est pas grand.

Pas de droit d’asile donc. La lumière tombe encore, oblique, sur ce verdict.

Elle est biaisée, la belle droiture. Une croisée haute éclaire les décisions rendues, retorses, dans l’ombre du tribunal. Le jour écorne la rectitude, composée à grands traits, des trois juges, des drapeaux et du large bureau.