Manille
Lino Brocka, 1975

L’amorce de Manille est en noir et blanc, un lacis de rues claires que la foule encombre, peu à peu, au point de saturer l’image. Aux marges, à l’écart du tumulte, il y a un visage en suspens, un homme jeune, les yeux rivés à une croisée. La caméra le serre, lentement, jusqu’à le tenir au centre du cadre. La fiction s’ouvre par cette prise, et la couleur, alors, s’éveille – pour prologue, donc, un fonds documentaire, où le mélodrame puise sa palette vive.

Une coupe sèche éclipse brusquement la rue, la fenêtre là-haut que les yeux sondaient, et précipite l’action dans le bruit et l’ordure d’un chantier. Sitôt dégagé de la foule le visage est enseveli de nouveau, sous une image de boue déversée à fracas. Une bourbe pleine de caillots se jette contre le spectateur, présageant le sordide qui attend là Julio, le jeune homme, qui se présente, demande à travailler. Le salaire est risible, c’est moins même que la somme déjà dérisoire qu’il touchait, ailleurs, comme manœuvre, mais la faim cède à tous les chantages.

Un aspirant chanteur

De la manutention à la prostitution

Le sous-titre de Manille dit « dans les griffes du néon ». D’après Lino Brocka, la capitale « attire les provinciaux comme des papillons de nuit qui viennent se brûler aux lampes ».

Texte

Manifestation hostile au dictateur Marcos

Le cri de Julio et la silhouette de Ligaya contre la lumière du couchant. Fondu au blanc.

Notes